Dans notre foi musulmane, sauver une vie c’est gagner le paradis (les Justes albanais-musulmans).
« Ne prenez pas d'amis chez eux avant qu'ils émigrent dans le sentier d'Allâh. S'ils tournent le dos, saisissez-les, tuez-les où que vous les trouviez.» (pour les 72 vierges)
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« Sauver une vie est un don de Dieu »
C’est un photographe du Colorado, Norman H. Gershman, qui, après avoir passé quatre ans en Albanie pour interroger et photographier des familles musulmanes ayant caché et sauvé des Juifs de 1943 à 1944, a permis au mémorial Yad Vashem d’ouvrir pour deux mois une exposition sur les Justes des Nations d’Albanie. En regardant ces immenses portraits photographiques, on est frappé par la simplicité, la cordialité et la fermeté de ces villageois. Leur regard profond témoigne de leur bonté.
Dans cette exposition on découvre un pays musulman qui, comme le disait en 1934 l’ambassadeur des Etats-Unis en Albanie, « est un des rares pays en Europe sans discrimination. » A cette époque, sur les 803 000 Albanais, en grande majorité musulmans, 200 étaient juifs. Mais très vite, ce pays devint un lieu de refuge pour les Juifs d’Allemagne, d’Autriche, de Serbie, de Grèce et de Yougoslavie. On estime de 600 à 1800 Juifs réfugiés dans ce pays, souvent en route pour la Palestine.
En 1943 l’Allemagne occupe l’Albanie. Les Albanais, refusent de donner les listes de Juifs albanais et étrangers. Ils les cachent, les intègrent à la population, leur apprennent les travaux des fermes ou les emploient dans leur petit commerce. Une seule famille juive a été arrêtée par la Gestapo. Beaucoup d’Albanais ont pris des risques énormes dans le sauvetage des Juifs, sans accepter aucune aide financière. Souvent très pauvres, ils ont partagé le peu qu’ils avaient, ne refusant jamais de se serrer dans leurs petites maisons pour accueillir. C’était leur famille. Parfois ils les accompagnaient dans la montagne pour les cacher.
Pourquoi ? Comment cela est-il possible ?
Dans ce pays il existe un code moral appelé BESA qui est à l’origine d’une éthique propre aux Albanais, qu’ils soient musulmans pratiquants ou non, chrétiens ou juifs. BESA, cela signifie « garder sa promesse ». Vivre selon ce code d’honneur, c’est « être un homme » sur qui tous peuvent compter. « Ma maison appartient d’abord à Dieu, puis à mes hôtes, enfin à moi et ma famille. L’étranger n’existe pas : tous sont mes hôtes. »
C’est un honneur national de sauver des Juifs.
Donnons la parole aux Justes des Nations albanais ou à leurs enfants : « Quatre fois, nous les Albanais avons ouvert nos portes :
aux Grecs durant la famine pendant la première guerre mondiale - aux soldats italiens en déroute après la capitulation de l’Italie
aux Juifs durant l’occupation allemande
et, tout récemment, aux réfugiés du Kosovo. Seuls les Juifs nous ont manifesté de la reconnaissance. »
« Les Allemands tueront ma famille mais non mes hôtes juifs. »
« Nous étions des Musulmans très pratiquants. C’était évident qu’il fallait aider les gens en difficulté et inconcevable de dénoncer de Juifs. Mais ensuite, les 50 années de régime communiste, avec emprisonnement,expropriation et condamnation à mort ont effrité notre piété. »
« Si un Albanais avait dénoncé des Juifs, tout le village l’aurait rejeté, aurait détruit sa maison et banni sa famille. »
« Dans notre foi musulmane, sauver une vie c’est gagner le paradis. BESA est un fruit de Coran ».
« Tous ceux qui frappent à ma porte sont une bénédiction de Dieu. »
Dès 1946 le régime communiste ferme les frontières et isole l’Albanie. Il faut attendre les années 90, la fin de ce régime, pour que les Juifs sauvés dont beaucoup vivaient en Israël, reprennent contact avec les familles albanaises qui les avaient cachés. C’est alors que le mémorial Yad Vashem a pu les honorer du titre de Justes des Nations. ( Sont reconnues « Justes des Nations », les personnes non-juives ayant sauvé des Juifs au risque de leur vie pendant la Shoa.). Actuellement, 21 758 personnes ont reçu ce titre, parmi eux, 63 Albanais.
Ce pays européen à majorité musulmane a « réussi » là où les autres pays ont échoué, et, paradoxalement, la population juive en Albanie était plus nombreuse après la guerre qu’avant.
Mis en ligne le 24 janvier 08
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