L'islamisme est identifié à la volonté d'instauration de la charia, mais qui sont les autres?

Publié le par mai_si

Les premiers penseurs de l'islamisme (Al-Banna, Al-Afghani...) attribuaient cette déchéance à la perte de "valeurs" musulmanes, qui auraient affaibli l'oumma (communauté des croyants).
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Islam, islamisme, une opposition artificielle

Extrait tiré de "l'islamisation de la France", Joachim Véliocas, éditions Godefroy de Bouillon, 2006,p 71-72 

 

"De tout temps, le christianisme fut à la chrétienté ce que l’islamisme fut à l’islam: sa doctrine ainsi que son ensemble civilisationel. Jusque dans les années soixante-dix, tous les dictionnaires de français qualifiaient l’islamisme de doctrine de l’islam. Au début des années quatre-vingt, des politologues français à l’instar de Bruno Etienne, (marxiste se définissant lui-même comme « anarcho-mystique ») ont forgé une nouvelle acception du terme  islamisme , l’amalgamant à l’islam radical. L’ islam  pouvait alors se dédouaner de toute composante politique ou violente, ces aspects se logeant dès lors dans l’islamisme . Aucun autre pays n’a  établi cette distinction. L’islam n’est certes pas un bloc monolithique et diverses réalités cohabitent dans un même terme, des musulmans les plus tolérants aux plus radicaux. Cependant, opposer le terme  islam  religion supposément paisible et tolérante, et  islamisme  soit disante excroissance extrémiste maladive de l’islam est un travestissement.

                                   

Il n’est pas inutile de préciser que Bruno Etienne, directeur de l’Observatoire des religions, initiateur de la distinction, publia le 25 avril 2006, un article dans le site islamiste Oumma.com[1]où il nie formellement que l’islam soit une religion « criminogène », portant en elle une potentialité de passage à l’acte violent. Etonnant pour un prétendu spécialiste.

                                                   

La différence entre l’islam et l’islamisme telle que nous l’entendons aujourd’hui, n’est pas une différence de nature mais de degré. Au lieu d’islamisme, il est plus juste d’employer le terme d’islam radical, car les islamistes ne font que remonter aux racines de leur religion, ayant comme seule volonté d’obéir à la lettre au Coran et à la Sunna, dont ils appliquent la totalité des enseignements. En aucun cas, les islamistes ne trahissent la lettre des textes sacrés musulmans qui ont été cité plus haut. L’islam radical, ce n’est pas une mauvaise pratique de l’islam mais la pratique de l’intégralité de ses enseignements. Ainsi, employer le terme d’islam intégral ou radical paraît plus pertinent pour exprimer l’ islamisme  des journalistes français, souvent aveuglément islamophiles.

La différenciation cloisonnant islam et islamisme permet de purifier l’islam de tous ses préceptes liberticides et belliqueux. L’islamisme devient un refuge pratique, sorte de station d’épuration idéologique, paratonnerre dédouanant  l’islam des entraves aux droits de l’homme repérées dans ses pratiques. Tous les points négatifs du mahométisme viennent s’évacuer dans le terme islamisme qui fait office de chambre sémantique de décontamination, conservant la virginité morale supposée de l’islam. Pratique et facile.

Anne-Marie Delcambre, islamologue, agrégée d’arabe classique, auteur d’ouvrages de référence, s’élève contre l’ « islamiquement correct » des médias  voulant opposer islam et islamisme :

«  Au risque de choquer, il faut avoir le courage de dire que l’intégrisme n’est pas la maladie de l’Islam. Il en est la lecture intégrale. L’islam des intégristes, des islamistes, c’est tout simplement l’Islam juridique qui colle à la norme »[2].

[1] La nature islamiste du site Oumma.com est démontrée dans le chapitre « L’islam francophone sur Internet »

[2] Anne-Marie Delcambre, L'Islam des Interdits, Desclée de Brouwer, 2003

07.02.2007

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Les grands classiques du droit islamique à l’Institut du Monde Arabe, partie A

   Un nouveau service de l’Observatoire de l’islamisation : la mise en ligne de morceaux choisis d'ouvrages présents à la bibliothèque de l’Institut du Monde Arabe.

1- La Risâla d’Al Qayrawânî

   La Risâla (L'Epître), d’Ibn Abî Zayd Al-Qayrawânî, est l’épître de référence chez les sunnites de rite malékite. Le rite malékite est officiel au Maroc et en Algérie, majoritaire en Tunisie et au Sénégal. Voir à ce titre la présentation de Al-Qayrawânî par le Ministère des Habous et des Affaires Islamiques marocain. Le rite  malékite a été choisi par l’Institut de théologie de la Grande Mosquée de Paris, et les milliers de pratiquants en France, issus du Maghreb, suivent les prescriptions des « Savants » de cette école juridique.

   Considéré comme « L’Islam du juste milieu » le malékisme, pratiqué intégralement, est aussi dangereux que le Wahhabisme saoudien.

 

  Concernant le jîhâd voici la photo du chapitre 30, page 85, issu de l’exemplaire de l’Institut du Monde Arabe édité par l’Office des Publications Universitaires, Alger (code bibliothèque 244.221 IBN A). Si les "infidèles" refusent l' "invitation" (le fameux appel) à embrasser l'islam, ou le statut de dhimmi, ils doivent être combattus par les armes :

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2- La Risâla de l’imâm Ash-Shâfî

    L’imâm Ash-Shâfi (767-820), est le fondateur de l’école chaféite. Contemporain et élève de l’imâm Malik Ibn Anas (710-795), fondateur de l’école malékite, les différences des deux écoles sont donc minimes, et relèvent plus de différences d’ordre méthodologiques que de divergences sur le fond de la charia. Le chaféisme restreint la place du jugement personnel (ray’) ainsi que le recours à l’analogie (qiyas) pour juger du comportement  présent, par rapport aux situations analogues trouvées dans les traditions (Hadith) fournissant les solutions jurisprudentielles. Le Chaféisme fut l’école officielle du Califat abbasside (750-1258). Il est pratiqué en Indonésie, Thaïlande, aux Comores, aux Philippines et en Inde et est religion d'État au Brunei Darussalam et en Malaisie.

    L’ouvrage majeur de Shâfi est sa Risâla. La traduction française de Lakhdar Souami chez Actes Sud est disponible à la bibliothèque de l’Institut du Monde Arabe sous la référence 244.231.SAF.

   Ouvrage beaucoup plus volumineux que la Risâla de Al-Qayrawânî (qui est elle une simple synthèse à destination du peuple), la partie consacrée au jihâd est argumentée par de nombreuses citations du Coran et des Hadith, les deux sources du droit.

 Voir les extraits scannés des pages (248-249), (250-251), (252-254). Le jihâd  y est clairement offensif.

    On mesurera toute l’inanité des propagandistes qui essayent de faire passer le jihâd comme un simple recours de légitime défense ou comme avant tout un « effort spirituel contre ses mauvais penchants ». C’est le cas des médiatiques Eric Geoffroy et Malek Chebel. On remerciera le Monde des religions pour avoir fait appel à l’islamologue Marie Thérèse Urvoy dans son numéro de ce mois consacré au jihâd dans le Coran. La vérité est une denrée rare en France sur le sujet. Ici, nous nous contentons de la vérité des textes, sélectionnés par l’Institut du Monde Arabe.

 

Commentaires

Bonjour Monsieur Veliocas
Je ne connaissais pas vos talents d'Islamologue.
Vous vous améliorez dans la connaissance de notre religion car vous etes obligés de faire tant de recherches et d'efforts pour démontrer que la religion islamique est violente.
Alors je vous poserai cette question : A quand la conversion à l'Islam ?
Mais je pense que vous faites quelques erreurs :
-Le Djihad offensif n'est valable que dans les pays où la population est à majorité musulmane, vous n'avez donc pas à vous inquiéter de cela en Europe.
-Vous auriez pu traduire les mots comme Ar Risala pour une meilleure compréhension
-De plus, de nombreuses modifications et améliorations ont été apportés, il ne faut pas sortir ce texte de son contexte : le 8e siècle après jésus christ
Les musulmans de france d'origine du grand Maghreb, ne suivent plus ces préceptes.
Le rite Malékite est modéré, et le roi Mohammed VI en est le representant. Je ne pense pas que cet homme soit violent, il relache meme les pédophiles et les chefs de réseau de prostitution européen et enferme les prostitués et les enfants abusés marocains.
C'est pour vous dire...
Cordialement

Ecrit par : Tarik Ouaazizi 
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"Le Djihad offensif n'est valable que dans les pays où la population est à majorité musulmane, vous n'avez donc pas à vous inquiéter de cela en Europe."

Oui mais dans 1 siècle, vous serez majoritaires. Evidemment que le droit islamique, dans son pragmatisme, n'incite pas au casse pipe en sommant d'attaquer à 1 contre 10....

Je m'inquiète pour mes amis Coptes, Maronites, et Assyro-chaldéens. J'ai de très bons rapports avec des représentants de ces communautés.

La Risala n'est pas obsolète, elle se trouve dans les librairies musulmanes en France. Ce n'est, tout comme le Coran, pas un livre d'histoire. Ses prescriptions sont valables en tout temps et en tout lieu, comme vous faites semblant de l'ignorer.

Quant à la Muwatta' qui est toute aussi radicale, c'est une des meilleures ventes de livres islamiques. Le lien que j'ai mis qui renvoit à la présentation élogieuse de Qayrawani par le Ministère des Affaires islamiques du Maroc a du vous échapper aussi...

Ici on est pas sur Arte ni sur M6, la takkya est un peu plus malaisée.

Joachim Véliocas

Ecrit par : Véliocas
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C'est aussi un devoir de combattre à l'intérieur des démocraties les totalitarismes qui tentent de faire tomber ces dernières pour mieux imposer leur régime. Et l'Islam, comme le communisme et les fascismes est une forme de totalitarisme.Ecrit par : anonymal
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septembre 2007

Paru dans 

Observatoire de l’islamisation
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L'islamisme est une politique apparue au XXe siècle essentiellement pour pallier l'échec des politiques de modernisation économiques et sociales entreprises pas les nationalismes arabes. Historiquement, cet échec s'explique par l'inertie de la société arabe ainsi que par l'opposition des puissances colonisatrices, qui n'avaient pas intérêt à permettre ce renouveau. Face à cet échec, certains penseurs musulmans ont préconisés un retour aux valeurs fondamentales de l'islam. L'islamisme n'est donc pas un courant religieux stricto sensu, mais plutôt une idéologie qui a pour but de sortir le monde arabe, puis musulman, du marasme dans lequel il se trouve. Ainsi, l'islamisme est un système politique qui veut régir les aspects politiques, économiques et sociaux de l'État. Parfois, l'islamisme est identifié à la volonté d'instauration de la charia, mais il ne s'agit là que de l'un de ses aspects.

Étymologie

Le concept d'islamisme est de création française et l'usage de ce mot est attesté en français depuis le XVIIIe siècle, où Voltaire utilise le terme pour remplacer « mahométisme » (souvent péjoratif) pour signifier « religion des musulmans ».[1] Cet usage, qui se développa au cours du XIXe siècle (Alexis de Tocqueville (1838), Ernest Renan (1883)), commença à être concurrencé par le terme « islam » au tout début du XXe siècle, alors que le développement des études occidentales de l'islam fit la promotion du terme que les musulmans utilisaient eux-mêmes. L’islam était ainsi la religion des musulmans, et ses adeptes étaient appelés islamistes. Le mot "Islamiste" n'est réapparu que récemment ; il n'est pas officiellement reconnu par l'Académie francaise à la date août 2006, contrairement à "islamite", terme usité utilisé par Diderot dans l'un de ses ouvrages.

La réalité recouverte par cet ancien usage du terme islamisme n'a bien entendu aucun rapport avec l'islamisme tel qu'il est connu aujourd'hui puisque apparu bien après l'usage français. Le terme ancien d'islamisme serait tout simplement synonyme d'islam aujourd'hui.

NB : "Musulman" renvoie à la religion de l'islam. "Islamique" renvoie à l'adjectif de l'islam. "Islamiste" renvoie au concept dont il est question dans cet article.

À partir de la fin des années 1960, s'accumulent des faits historiques, idéologiques, économiques et sociaux qui peuvent expliquer le développement de l'islamisme :

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