Le mythe de la transmission arabe du savoir antique.

Publié le par mais_si


L’Occident a-t-il quelconque enrichissement culturel a bénéficier de la présence massive d’arabo musulmans sur son sol ? A écouter ce qu’on raconte aujourd’hui, nous serions débiteurs d’un legs de culture islamo-arabe, qui nous aurait fait découvrir la pensée Antique et apporté une impulsion philosophique nouvelle, inoculé lors de l’occupation islamique en Espagne, le fameux âge dit d’Or d’Al-Andalus. Mieux, certains prétendent que la Renaissance n’aurait pu avoir lieu sans les intellectuels arabes, ou encore que nous aurions oublié le grec ancien sans eux. En ces temps de véritables opérations psychologiques visant à légitimer une islamisation croissante de la société française, réaliser une mise au point objective semble indispensable.

Si la civilisation arabo-musulmane a été, entre le neuvième et quatorzième siècle, en pointe des savoirs de l’humanité, aussi bien sur les plans scientifiques que philosophiques, ce fut en tant que carrefour civilisationnel étendant son emprise sur des peuples éclairés, ayant pour principal mérite de ramasser et de préserver les précieux enseignements des autochtones conquis. Au niveau philosophique, la « philosophie orientale » est le fait d’iraniens et non d’arabes ( à l’exception notable d’Al-Kindi) et la philosophie grecque fut transmise aux arabes par les syriaques chrétiens. Avicenne, Al-Farabi, Al-Arabi, Sohravardi, grandes figures de la philosophie musulmane dite fasfala, ne furent effectivement pas arabes mais perses et Averroès, un autochtone espagnol. Au niveau scientifique, les découvertes furent par contre généreuses chez les scientifiques arabes. Mais si elles furent le fait d’hommes musulmans, on ne voit pas en quoi l’islam leur permit d’ avancer plus facilement dans la recherche scientifique. Le travail d’un chercheur est indépendant de son affiliation religieuse, et vanter la qualité intellectuelle des mathématiciens al-Kharezmi ou Ben Moussa, des génies de l’optique Alhazen et Ibn Sahl , des géniaux médecins Avicenne et Al-Razi, ne saurait par corrélation apporter du crédit à l’islam.

L’Orient avant l’apparition de l’islam

Formidable carrefour d’échanges culturels l’Orient fut donc un espace où prospérait les héritages Antiques. Tatien un des tout premiers philosophes chrétiens d’Orient, disciple de l’apologiste Justin à Rome, retourna en Assyrie après avoir dirigé une école de philosophie dans la ville éternelle. Hellénisé il tenait cependant à marquer le caractère particulier du savoir oriental, qui brillait déjà avant les apports grecs comme aimait le souligner Tatien , son Discours aux Grecs rédigé vers 169 est à ce titre explicite :

« Laquelle de vos institutions ne doit-elle pas à des Barbares son origine ? [?] Aux babyloniens, nous devons l’astronomie ; aux Perses, la magie ; aux Egyptiens, la géométrie, aux Phéniciens, l’écriture alphabétique. Cessez, alors, d’appeler à tort ces imitations des inventions qui vous sont propres. Orphée encore, vous enseigna la poésie et le chant ; de lui vous avez aussi appris les mystères. Les Tuscans vous enseignèrent l’art plastique ; grâce aux annales des Egyptiens, vous avez appris à écrire l’histoire ; de Marsyas et d’Olympus, vous avez acquis l’art de jouer de la flûte »

Cette attaque sans doute excessive permet de se remémorer les richesses civilisationelles sur lesquelles s’abattra la conquête arabe. Conquête arabo musulmane qui, on va le voir, récupèrera nombre des savoirs de leurs nouveaux sujets, qui de dhimmitude en générations, se convertiront au mahométisme.

Quand les Califes abbassides regardaient l’Europe avec des jumelles syriaques

Georges ( ?724) évêque du diocèse d’Akoula (aujourd’hui situé près de Koufa, en Irak), fut surnommé « l’évêque des arabes ». Outre le fait d’être un grand théologien, ce syriaque parlant couramment le grec transmit la pensée d’Aristote à ses ouailles, composées de tribus nomades arabes ou chrétiennes. Il composa une version de l’Organon et réalisa de nombreux commentaires. La pensée grecque fut transmise aux arabes par des syriaques, à l’instar de l’évêque Jacques (633-708) de la brillante école d’Edesse, d’ Isho’Bokht, évêque de Rev-Ardashir et de Isho’Dnah, évêque de Basra, tous deux ayant vécu au VIIIème siècle.

Thimotée I er (727_820) , « l’ami des Califes », eut aussi un destin singulier. Il étudia à l’école de Bachosh, où il apprit non seulement la liturgie, les préceptes des Pères de l’Eglise, mais aussi l’arabe, le grec et la philosophie d’Aristote. L’Irak chrétien fut à ce moment sous la coupe du gouverneur arabe de Mossoul qui entretint de bonnes relations avec Timothée alors consacré évêque, à tel point que son diocèse fut exempt de l’impôt spécial des dhimmis. A la mort de Hénanisho II (778), le catholicos siégeant à Séleucie-Ctésiphon, Thimotée I er lui succéda, il devint alors un personnage de haut rang, et s’attira le respect du calife al-Mahdi (775-785). Le calife lui commanda des traductions d’Aristote en arabe, et Thimotée s’exécuta en traduisant les Topiques d’Aristote. A cet époque, le Calife s’entourait de médecins chrétiens, à l’instar du syriaque Abu Quraysh’ Isa et du nestorien Gabriel Bokhticho. Ce dernier rédigea un abrégé arabe des ?uvres de Discoride, Galien, Paul d’Egine. Après un règne éphémère (785-786), le nouveau calife (fils du précédent) Al-Hadi laissa la place à son frère, le célèbre Harun al-Rashid (786-809) qui édifia une grande bibliothèque appelée Khizanat al-Hikma qui eut pour dessein de récolter les savoirs hellénistiques. Le traducteur en chef fut Masawayh (786-857), grand professeur de médecine également chrétien. Il dirigea une équipe de traducteur et composa plus de quarante écrits en syriaques et en arabe sur la médecine. Praticien réputé, il soigna quatre califes. Ibn Abi Usaybi’ décrivit ainsi le médecin préféré du Calife al-Mutawakkil (847-861) :

« Yuhanna Ibn Masawayh était un syriaque, de confession chrétienne. Al-Rashid lui confia le soin de traduire les livres anciens saisis par les musulmans à Ankara et à Amorium et dans la plupart des pays des rum. Il le nomma chef des traducteurs. Yuhanna servit harun, Amin et Ma’mun et il resta au service (des califes) jusqu’au règne d’Al Mutawakkil. Les rois Banu Hashim ( les Abbassides) ne prenaient point de nourriture hors de sa présence. »[1]

Al-Mansur, second Calife abbasside (754- 775), eut un réel intérêt pour la philosophie européenne. Il envoya une délégation à Constantinople demander à l’empereur de la matière à réflexion : des livres. Le fameux historien et philosophe Ibn Khaldûn (1332-1406) raconte dans son Muqaddima :

« Dès que les Arabes adoptèrent une culture sédentaire, ils voulurent étudier les sciences philosophiques dont ils avaient entendus parlé par les évêques et les prêtres de leurs sujets chrétiens. C’est pourquoi Al-Mansur fit demander à l’empereur de Byzance de lui envoyer des versions de livres de mathématiques. L’empereur lui fit porter le traiter d’Euclide et quelques ouvrages de physique. Les musulmans lurent et étudièrent tout cela, ce qui leur donna le goût d’en savoir davantage. » [2]

Doctorant en philosophie et en civilisation, enseignant en France, le Syriaque Irakien Ephrem Isa Youssif est l’un des meilleurs spécialiste du rôle que ces chrétiens d’Orient ont joué dans l’illumination des conquérants arabes aux savoirs européens. Dans son ouvrage la floraison des philosophes syriaques il rappelle ce rôle déterminant joué par ses ancêtres :

« Avant la fin du VIIIème et IXème siècle, l’on comptait à Bagdad de nombreux savants et une cinquantaine de traducteurs syriaques. Ceux-ci continuaient le travail commencé par Proba et Sergius de Rash’aina, réalisaient des épitomés, des commentaires créaient une lexicologie . Le maronite Théophile d’Edesse (+ 785) devient l’astronome distingué du calife al_Madhi. Il traduisit en syriaque l’Iliade et l’Odyssée d’Homère et réalisa une version syriaque des réfutations sophistiques d’Aristote. Sallam al-Abrash traduisit la physique d’Aristote.[?]Ibn Shadé, d’al-Karth traduisit un traité d’Hippocrate et trois traités de Galien. Ayyub al Abras, d’Edesse, traduisit du grec en syriaque 35 traités de Galien. Ayyub Ibn al-Qasim, d’al-Raqqa, fut le traducteur de l’isagoge de Porphyre. Tabit Ibn Qam’traduisit un traité de Galien. Shamlé, traduisit aussi un traité de Galien. Yuhanna Ibn Yusuf fut le traducteur d’un traité de Platon. Ibrahim Ibn al-Salt traduisit deux traités de Galien et la première partie du commentaire de Thémistius sur la physique d’Aristote. Des bibliographes et historiens arabes laissèrent des listes de ces traducteurs qui avaient permis la transmission du legs grec au monde arabe. Le premier, Ibn Juljul (943-994), un médecin andalou, mentionna ces savants syriaques dans son Tabaqatal-attiba’wa al-hukama. » [3]

Honayn Ibn Ishaq, le passeur d’Europe

Honayn Ibn Ishaq (808-873) connu en Europe sous le nom de Johannicius, est une des principales figures intellectuelle du Califat abbasside. Honayn fut originaire de la ville Al-Hira ville syriaque de Séleucie-Ctésiphon où siégeait l’évêché local, dans l’Irak actuel. Il étudia le grec à Alexandrie, ville largement chrétienne à l’époque, bien que conquise en 640 par les arabes qui massacrèrent les habitants de Behnesa près de Rayum,de Fayoum, Aboit et Nikin. En 722 une recrudescence de destruction de couvents et d’églises tourmenta les égyptiens, et, à l’époque du brave Honayn (832) se tint un massacre de Coptes en Basse Egypte suite à leur révolte contre l’impôt discriminatoire dû en tant que dhimmi.

Honayn poursuivit ses études à Bagdad, en médecine cette fois, ce qui lui permit de traduire l’anatomie de Galien. Promu médecin à la cour du Calife Al-Mutawakkil qui le comblait de cadeaux, il fut très apprécié par l’homme étant pourtant l’acteur de l’édit ordonnant aux chrétiens de porter des signes distinctifs. Aimé en tant que médecin, les travaux philosophiques d’Honayn durent cependant s’effectuer discrètement : Al-Mutawakkil interdit l’école rationaliste des musulmans mutazilites, et abolit les discussions philosophiques, qui selon lui, menaçaient l’islam orthodoxe. Honayn continua donc son travail et composa un Traité sur la logique, un Recueil d’histoires et de sentences attribués aux anciens philosophes grecs. Sous le Calife al-Ma’mun, reconnu comme le meilleur traducteur de l’époque, il reçut une commande de sa part afin de traduire de nombreuses ?uvres grecques. Ainsi, 90 oeuvres de Galien furent traduites en syriaque d’abord, puis en arabe. De Platon, il traduisit les Lois le Timé et la République ainsi que de nombreux ouvrages d’Aristote. Plus qu’un traducteur, Honayn a appris la technique philosophique aux arabes, pour le professeur Isa Yousif « Honayn s’efforça de forger un langage nouveau, de mettre en place un vocabulaire technique, de créer une terminologie scientifique arabe. Il forma des néologismes, adapta des mots étrangers, travailla la syntaxe. Il s’attela à la réalisation d’un lexique spécialisé syriaco-arabe, intitulé explication des mots grecs en syriaque. Celui-ci était destiné à exprimer les concepts de la logique et de la philosophie grecques. Grâce à ce travail gigantesque, les arabes purent utiliser le savoir grec qui se répandit dans le monde arabo-musulman »[4]

Il est éclairant de voir que ce furent exclusivement des chrétiens qui transmirent et expliquèrent la philosophie grecque aux arabes, réalité historique à rebours des mythes racontant l’inverse, forgés à des fins politiques.

La découverte de la philosophie Antique en Europe

Illustration parfaite d’un sentiment de supériorité fondé sur l’ignorance, lors du 10 ème sommet de l’Organisation de la Conférence Islamique (2003) en Malaisie, le premier ministre malaisien Mahatir Muhamad déclara lors de son discours de bienvenue :

« Quand les européens du Moyen-Âge étaient encore arriérés et superstitieux, les éclairés musulmans avaient déjà construit une brillante civilisation, respectée et puissante [?] Les européens doivent s’agenouiller devant la grandeur des sages musulmans »

Le Moyen Âge, parlons en. Dès le VIII ème siècle, lors de la renaissance carolingienne, les écoles épiscopales formaient les élites des royaumes européens. L’enseignement était loin d’une arriération, il se composait des Arts Libéraux, composés du Trivium (grammaire, rhétorique, dialectique), du Quadrivium (arithmétique, géométrie, musique, et astronomie) ainsi que de l’apprentissage de la médecine, et bien sûr de la théologie.

Par exemple, l’école épiscopale de Chartres fondée par l’évêque Saint Fulbert aux environs de l’an Mil, fut d’une grande renommée pour son enseignement néoplatonicien et augustinien enseigné selon la méthode et la logique aristotélicienne. Point d’apport arabe, les ouvrages de base de l’école de Chartre furent le Timée de Platon traduit par Chalcidius, le traité de Martianus Capella consacré aux Sept arts Libéraux (Noce de Philologie et de Mercure), des fragments de Tite Live, d’Hippocrate, de Cicéron de Vitruve et de Galien. L’immense ?uvre de Boèce , introducteur en Occident de la logique d’Aristote, fut aussi au programme de l’école de Chartres. Si les sciences rationnelles ont vigoureusement prospéré en islam pendant presque quatre siècles, elles n’ont jamais fait partie des cursus officiels de l’éducation de l’époque, et sont encore moins enseignées dans les madrasas aujourd’hui.

L’Europe n’a pas attendu les commentaires d’Averroès et d’Avicenne pour découvrir la philosophie grecque.

Dans ses Confessions, Saint Augustin relate son entrevue avec Simplicanius, père spirituel de l’évêque de Milan, Saint Ambroise : « je lui retraçai tout le dédale de mes erreurs. Lorsque je vins à lui dire que j’avais lu certains livres platoniciens traduits par Victorinius, autrefois rhéteur de la ville de Rome [?]. Il me raconta comment ce savant vieillard, homme très expert dans toutes les sciences libérales, qui avait lu, étudié, commenté tant d’ ?uvres philosophiques, et qui avait été le maître de tant de nobles sénateurs, avait obtenu, en témoignage de la distinction de son enseignement, un honneur fort apprécié des citoyens de ce monde, celui de voir ériger sa statue au forum romain » Saint Augustin est mort en 430, soit 200 ans avant la naissance de Mahomet, 500 ans avant la naissance d’Avicenne, 700 ans avant la naissance d’Averroès, les cercles d’ intellectuels en Europe de l’ouest étaient initiés à la philosophie grecque bien avant que les philosophes arabes commentent à leur tour les Anciens, grâce aux traductions syriaques.

Jacques Heers, agrégé d’histoire, directeur du Département d’études médiévales de Paris-Sorbonne remet les pendules à l’heure :

« Les « Arabes »[5] ont certainement moins recherché et étudié les auteurs grecs et romains que les chrétiens. Ceux d’Occident n’avaient nul besoin de leur aide, ayant ,bien sûr, à leur disposition, dans leurs pays, des fonds des textes anciens, latins et grecs, recueillis du temps de l’empire romain et laissés sur place. De toute façon, c’est à Byzance, non chez les « Arabes », que les clercs de l’Europe sont allés parfaire leur connaissance de l’Antiquité. Les pèlerinages en Terre sainte, les conciles ?cuméniques, les voyages des prélats à Constantinople maintenaient et renforçaient toutes sortes de liens intellectuels. Dans l’Espagne des Wisigoths, les monastères (Dumio près de Braga, Agaliense près de Tolède, Caulanium près de Mérida), les écoles épiscopales (Séville, Tarragone, Tolède), les rois et les nobles recueillaient les livres anciens pour leurs bibliothèques. »[6]

En ce qui concerne la période de l’occupation musulmane de l’Espagne, le professeur Heers ajoute :« Nos livres parlent volontiers des savants et traducteurs de Tolède, qui, au temps des Califes de Cordoue, auraient étudié et fait connaître les auteurs anciens. Mais ils oublient de rappeler que cette ville épiscopale, comme plusieurs autres et nombres de monastères, était déjà, sous les rois barbares[7], bien avant l’occupation musulmane, un grand foyer de vie intellectuelle toute pénétrée de culture antique. Les clercs, demeurés chrétiens, très conscients de l’importance de transmettre cet héritage, ont tout simplement poursuivi leurs travaux sous de nouveaux maîtres. »

Les européens avaient donc déjà depuis des siècles connaissance des ?uvres des grands philosophes grecs, enseignés dans les universités, créations de l’Eglise, chose parfois oubliée à notre époque. Islam et philosophie, des relations orageuses.

Ibn Rushd(1126-1198) plus connu en Occident sous le nom d’Averroès, naquit à Cordoue d’une famille espagnole autochtone. Grand commentateur d’Aristote, il reprend la falsafa , la philosophie musulmane inspirée des Grecs, en établissant ses propres concepts qui le différencieront. Philosophe, médecin et juriste il fut Cadi à Séville (1171) et médecin à Marrakech (1182) du Calife Yusuf, avant de remplir la même fonction auprès d’Al Mansur. Il écrivit un grand traité médical intitulé Généralités (al-Kulliyyât) et des commentaires de Galien, mais avant tout, c’est dans la philosophie qu’il excellera le plus. La pratique de la philosophie des musulmans d’Espagne était encore vivace, mais déjà, les théologiens et la masse des croyants méprisaient ces savoirs entachés d’influences étrangères.

Pour se justifier, Averroès élabora un système de pensée permettant de réconcilier la philosophie et la loi divine, afin d’ « unir le rationnel (ma’qul)et le traditionnel (manqûl) » notamment dans son Taité décisif (Fasl al-maqâl).

Le grand juriste Al-Ghazali, encore référence à ce jour, écrivit un livre destiné à ruiner les philosophes de la falsafa attachés à l’héritage grec, le Tahâfut al falasifa (l’écroulement des philosophes). Malgré une réponse argumentée d’Averroès, avec son Tahâfut al-Tahâfut (l’écroulement de l’écroulement), Al-Ghazali remporta l’adhésion des masses et des juristes islamiques. Averroès tomba en disgrâce vers 1195 et fut banni par les autorités musulmanes le jugeant hérétique, ses livres furent brûlés. La transmission du savoir d’Averroès et l’intérêt qu’il connu à titre posthume ne doit rien aux arabes, ce furent les traductions latines effectuées par des chrétiens et des juifs qui permettront à son ?uvre de survivre. Le nom d’Ibn Rushd fut pratiquement ignoré en Orient, alors qu’en Occident, l’ « averroïsme latin » se prolongea jusqu’au 12ème siècle. Autre idée reçue, Averroès aurait fait découvrir aux européens la pensée d’Aristote par son travail de traduction. En fait, Saint Thomas d’Aquin refusa d’utiliser ses traductions, jugées peu fidèles aux textes originaux et imprégnées d’hétérodoxie gnostique. Saint Thomas, qui ne connaissait pas le grec mais seulement le latin et l’arabe, fit retraduire en latin l’ ?uvre d’Aristote à partir des sources helléniques directes, en l’occurrence à travers le travail de traduction de Guillaume de Moerbeke.

Autre philosophe persécuté par l’islam, Ibn Arabi. Contemporain apprécié d’Averroès, il entra en conflit avec les docteurs de la Loi en Andalousie et est obligé de fuir au Proche Orient en 1202. Au Caire, quelques années plus tard, un juriste Coranique réclamera sa tête mais grâce à l’intercession d’un ami auprès du souverain ayyubide al-Malik al- ?Adil, Ibn ?Arabi fut libéré. Il termine sa vie à Damas où il mourra en 1241. En 1517, le grand sultan ottoman Selim Ier, après avoir conquis la Syrie et l’Égypte, fit construire à Damas une mosquée-mausolée à la mémoire de celui que le monde ottoman considérait depuis trois siècles comme un chef spirituel et un maître de pensée. Cet édifice est resté intact et continue d’être un lieu de pèlerinage.

Suspecté de propager la théosophie ismaélienne en Syrie, Soharwardi fut arrêté sur l’ordre de Salah al Din (Saladin) et exécuté en la citadelle d’Alep le 5 Rajab 587 de l’Hégire (29 juillet 1191). Mort à trente six ans, ce philosophe iranien pratiquant le soufisme et inspiré par l’ ?uvre de Platon et d’Aristote est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages dont « Le livre de la sagesse » est considéré comme le chef-d’ ?uvre. Le mythe de la tolérance musulmane en Andalousie.

source et ref: http://www.cyber-partner.com/spip.php?article227

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