cas unique au monde de restitution de territoires après 5 guerres gagnées"

Publié le par elie

Par Mati Ben-Avraham

Ancien ambassadeur d’Israël en France et aux Etats-Unis, Meir Rosen fut l’un des acteurs de la paix israélo-égyptienne. En tant que conseiller juridique du ministère des affaires étrangères, il a participé à la préparation de Camp David 1978, en a suivi les péripéties sur place et a contribué à la rédaction de ce premier traité de paix entre Israël et un pays arabe.

Mati Ben-Avraham : Eu égard aux négociations avec les syriens et les palestiniens, qu’est-ce-qui a permis le succès de Camp-David? L’absence de cadre formel? D’un calendrier contraignant?

Meir Rosen : Au contraire! Camp David 1 a été très bien préparé. La visite du président Sadate, à Jérusalem, a eu lieu le 19 novembre 1977 et Camp David s’est tenu en septembre 1978.

Dans l’intervalle se sont multipliées les séances de travail entre les deux parties, en divers lieux.

Ce qui a caractérisé toute les réunions avec les Etats arabes, à la veille de la conclusion d’un accord, que ce soit à la conférence de la paix de Genève du 21 décembre 1973, le premier et le deuxième accord de désengagement avec l’Egypte, l’accord de désengagement avec la Syrie, tout a été précédé par une concertation entre Israël et les Etats-Unis, et ces négociations se sont achevées sur un accord signé en bonne et due forme.

Les seuls accords où Israël a agi, sans concertation préalable avec les Etats-Unis, ce sont ceux d’Oslo. Vous connaissez la suite.

En conclusion, le succès de Camp David repose sur trois facteurs : premièrement, il a été soigneusement préparé; deuxièmement, il s’agissait d’une négociation entre deux Etats souverains et, troisièmement, il a été précédé au plan politique par la visite discrète de Moshé Dayan au Maroc, où il a rencontré le vice-président égyptien. Il n’y a donc pas de comparaison possible entre ce qui se passe aujourd’hui et ce qui s’est passé voici 29 ans.

MBA : Quel regard portez-vous sur les négociations qui se sont multipliées par la suite, aussi bien avec les palestiniens qu’avec les syriens?

Meir Rosen : Avec les syriens, toutes les tentatives de négociations ont échoué pour des raisons diverses, qui mériteraient d’être traitées à part.

En ce qui concerne les palestiniens, les négociations ont abouti à d’Oslo, que je considère comme un accord de dupes pour Israël.

Pourquoi? Parce que Yasser Arafat n’a jamais eu l’intention de les respecter, ces accords. En témoigne l’engagement qu’il avait pris, dans une lettre adressée à Ytzhak Rabin, d’écarter tout recours à la violence, même en cas d’impasse des négociations.

Or, que s’est-il passé? Du terrorisme et la deuxième intifada. Et une situation inédite, avec deux entités terroristes, le Hizbollah au nord et le Hamas au sud, qui ont inscrit dans leurs chartes leur volonté de détruire l’Etat d’Israël.

Et ce ne sont pas des paroles en l’air. Le Hezbollah l’a démontré l’en dernier, en déclenchant la guerre que l’on sait. Le Hamas le prouve chaque jour depuis le retrait israélien de la bande de Gaza, en tirant des centaines de roquettes sur les villages israéliens du Neguev occidental.

Ce sont là des retombées des négociations d’Oslo alors que ceux de Camp David ont mené à un traité de paix, qui tient toujours.

En dépit de sa condamnation par la Ligue arabe à l’époque, qui avait mis l’Egypte à l’index, malheureusement suivie par l’Europe d’alors avec la Déclaration de Venise de triste mémoire.

MBA: Et Annapolis?

Meir Rosen : La question est celle de la participation. La Syrie, par exemple. Nul doute que sa décision, dans un sens ou dans l’autre, sera significative pour la suite.

Maintenant, le fait que des pays de la Ligue arabe soient présents constitue un message fort. Surtout en ce qui concerne l’Arabie saoudite dont ce sera la première participation à une conférence comprenant Israël.

Ce qui permettra à Ehoud Olmert de parler d’un succès, indépendamment du résultat enregistré.

Maintenant, il est évident qu’une telle conférence ne peut pas aboutir à des résolutions ou des décisions qui engageraient Israël, contre son gré.

Le conflit israélo-palestinien ne peut être réglé par une solution imposée, c’est clair. Cela dit, le seul fait de se réunir est très positif, à condition toutefois que la conférence ne tourne pas au catalogue de revendications, tel par exemple le droit au retour des réfugiés palestiniens en territoire israélien, qui mènerait à l’échec. Ce qui serait regrettable.

La question, essentielle à mes yeux, touche au jour d’après. C’est-à-dire la rédaction progressive d’un accord définitif.

L’expérience m’a appris que dès qu’il est question d’Israël, il est fait référence à des règles de droit international qui ne sont appliquées nulle part ailleurs.

Je vais vous donner un exemple : le bombardement d’une partie du territoire israélien à partir de la bande de Gaza.

Quand Israël décide de mesures destinées à y mettre fin, d’une manière non violente, le voici accusé de violer les droits de l’homme. A l’ONU, Israël est accusé de paranoïa!

Le Conseil onusien aux droits de l’homme se réunit. Deux points sont inscrits à l’ordre du jour : 1. la question des droits de l’homme dans les territoires occupés par Israël; 2. la situation des droits de l’homme dans le monde.

Cela dit, en dépit des affaires qui secouent le monde politique, Israël est un pays fort. Il vient de le prouver avec le raid aérien en Syrie. C’est pourquoi, je suis optimiste.

Personne ne croyait, il y a trente ans, à une paix entre Israël et l’Egypte. Elle est là, même froide. Elle a survécu aux guerres du Liban, à deux intifada.

Israël a su témoigner d’esprit de concession, cas unique au monde de restitution de territoires après cinq guerres gagnées. Aussi, à mon avis, Israël se rend à Annapolis sans appréhension, confiant en ses capacités.

MBA : Une dernière question : pouvez-vous m’expliquer pourquoi, lors de la conclusion des accords avec l’Egypte, Raphiah a été coupée en deux, une partie côté bande de Gaza, l’autre en Egypte.

Meir Rosen : C’est simple : les égyptiens ont insisté à ce que le tracé de la frontière entre eux et nous s’aligne sur celui la frontière internationale. Leur principe de base était : la frontière internationale telle qu’elle est et nous n’accepterons aucune responsabilité sur quoi que ce soit d’autre!

http://www.israelvalley.com/edito/2007/11/26/14314/israel-annapolis-exclusif-meir-rosen-isrannl-a-su-tnnmoigner-d-esprit-de-concession-cas-unique-au-monde-de-restitution-de-territoires-aprnns-5-guerres-gagnnnes

 

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